Il a pris sa décision en une demi-journée, l'a d'abord annoncée aux joueurs et au staff niçois avec qui il s'entraînait cet été, puis a rendu la chose officielle samedi. Jeune retraité de 37 ans, Jérôme Alonzo confie à Francefootball.fr dans la seconde partie de cet entretien les souvenirs, bons ou mauvais, qui ont jalonné une carrière riche en émotions.
Son meilleur souvenir
«Il y en a eu pas mal, mais je pense que c'est mon premier PSG-OM, en février 2002 (8es de finale de Coupe de France, 1-1, 7-6 t.a.b.). C'est subjectif de dire que tu as fait un bon match quand tu as arrêté des penalties parce que c'est un peu la loterie, mais pour le coup, j'en avais arrêté quatre ! Un durant le match, et trois pendant la séance de tirs au but. Pour un premier PSG-OM et pour ton histoire future avec le club, ça aide bien... J'avais vécu ce match dans des conditions psychologiques personnelles difficiles, et ça reste un souvenir absolument incroyable. Ce sont encore des images qui ornent mon salon et ma cuisine, parce que c'est un moment charnière de ma carrière.»
Son pire souvenir
«C'est ma blessure au Stade de France avec Saint-Etienne contre le Red Star, le 11 mars 1999. A l'époque, j'étais arrivé à un niveau de maturité et de technique super intéressant, la montée était quasiment acquise, je venais de prolonger mon contrat avec Saint-Etienne... Et je me broie la cheville. C'est une vraie douleur physique et psychologique. C'était une triple fracture tibia-malléole-péroné, avec arrachement du ligament interne : sept mois d?arrêt. C'et quasiment là que s'arrête mon histoire avec les Verts, et dieu sait ce qui ce serait passé après sans cette blessure. On ne peut jurer de rien, mais c'est un premier tournant. Il y a aussi mon dernier match avec le PSG, perdu en finale de Coupe de France face à Lyon (0-1 a.p.), car je sais que c'est la fin de mon histoire avec Paris. Au coup de sifflet final, je me revois au milieu de la pelouse en me disant : «Voilà, c'est fini...» Un peu comme si je savais déjà que ce qui arriverait après serait moins bien.»
Le joueur qui l'a le plus impressionné
«Je ne vais pas être original en disant Pauleta. Ronaldinho, c'est autre chose, c'est le génie, mais sur la durée c'est Pauleta. Sans problème. C'est un seigneur, un monsieur. Et puis c'est un mec avec qui je m'entendais très bien. C'est le plus gros chambreur que j'ai connu dans ma carrière. Avec son air de ne pas y toucher, il te massacrait dès le matin dans le vestiaire, c'était extraordinaire. Avec son accent, il te sort deux phrases, il te massacre ! Il y avait d'ailleurs une bonne liste de chambreurs dans l'équipe, avec Pauleta, Edouard Cissé et Jérôme Rothen. Dès que tu arrivais avec un jean un peu trop large le matin, tu étais mort ! C'est ça qui va me manquer, en fait. Ces moments-là, c'était génial.»
Paris, une rupture douloureuse
«C'est très paradoxal. J'étais très considéré par les Parisiens, dans la rue, à Auteuil, à Boulogne, mais aussi tellement peu considéré par les dirigeant de l'époque... Je pars au bout de sept ans de bons et loyaux services, même pas par la petite porte, mais par le garage ! Je me revois le lendemain de la finale vider mon casier tout seul au Camp des Loges, put... c'est glauque quoi ! Tout ça pour ça. Dans tous les domaines, le manque de reconnaissance, c'est quelque chose d'extrêmement violent. Ce dernier week-end, j'en ai vraiment beaucoup souffert. Après, c'était avec des dirigeants qui ne sont plus en place. Et je n'imagine pas ma vie sans revenir un jour au PSG filer un coup de main. J'ai la prétention de connaître les rouages de ce club comme peu de gens, et de pouvoir vraiment aider le jour où j?irai, quelque soit le poste.»
OM-ASSE-PSG, qui a le meilleur public ?
«C'est la question qu'on me pose le plus souvent. C'est vrai que faire chronologiquement, Marseille, Saint-Etienne et Paris... La facilité serait de dire Paris, parce que c'est là où j'ai passé le plus de temps et où j'ai fait mes plus gros matches, mes meilleures saisons. Mais c'est plus complexe que ça, parce que j'ai eu la chance de jouer dans l'ancien Vélodrome. Et ça foutait vraiment les jetons ! Ça sentait la sueur, c'était vraiment une arène. J'ai vu des mecs arriver là et se décomposer. En plus à l'époque j'avais quelques poètes dans l'équipe, genre Jambay, Dib, Casoni, Cascarino... J'ai aussi un souvenir avec Saint-Etienne, en 1998-99, l'année de la montée, où on joue deux matches dans la semaine, face à Valence et Gueugnon, avec 33 000 spectateurs de moyenne ! Pour deux affiches pourries ! C'était extraordinaire. J'ai vécu des instants de fou partout. Au niveau de la folie quotidienne, je mettrais dans l'ordre : Marseille, Paris et Saint-Etienne. C'est difficile de choisir, parce que ce sont trois clubs qui m'ont apporté tellement. Au niveau des publics c'est... Pfff, rien que d'en parler, je me sens privilégié.»
Alonzo-Landreau, une cohabitation difficile
«C'est très bien que je puisse en parler après ma carrière, comme ça on ne pourra pas me taxer de quoi que ce soit. La relation que j'avais avec Lionel Letizi était tellement importante que les gens n'ont pas compris que j'aie le droit de ne pas être ami intime avec Micka. Parallèlement à ça, il y a une tradition au PSG qui veut que les gardiens titulaires laissent la Coupe aux remplaçants. Et là, hasard ou pas, Micka arrive et il n'y a plus ça... Je ne peux pas être mort de rire ! Ça casse les c... ! Après, Paul Le Guen m'a fait rejouer la Coupe, mais j'ai du gueuler. Mais ce n'est pas la guerre avec Micka. Je vais être consultant, le jour où il fera un super match, je le dirai, le jour où il sera pourri, je le dirai, voilà. Je ne vais pas m'amuser à le massacrer parce qu'on a eu un différend à Paris par rapport à la Coupe. Ce n'est pas mon ami, mais s'il est bon, je le dirai !»